Après la publication de son livre autobiographique le Contrebandier, Frère André n’a pas été autorisé à retourner en Europe de l’Est. Il a alors commencé à se rendre au Moyen-Orient.
Frère André, le fondateur de la mission Portes Ouvertes, au service des chrétiens persécutés, est décédé le 27 septembre 2022, à l'âge de 94 ans. A cette occasion, nous publions une série d'articles en hommage à son oeuvre. 3/3
Quand Frère André a commencé à se rendre au Moyen-Orient, il avait deux objectifs: encourager les chrétiens locaux et… rencontrer des dirigeants de groupes islamistes pour leur parler de Jésus!
Aimez ceux qui vous persécutent
En 2001, André a visité les Territoires Palestiniens. Il s’est rendu à Gaza où il a établi son premier contact avec le Jihad islamique et rencontré le chef du Hamas. Trois mois après ce voyage, le monde entier sera secoué par les attentats du 11 septembre 2001. C’est cet événement tragique qui a décidé frère André à axer son message sur le monde musulman.
Face aux terroristes ou d’autres dirigeants qui n’avaient aucune sympathie pour les chrétiens, Frère André n’avait pas peur d’aborder des questions difficiles. Ni même de les critiquer. Mais ils savaient qu’il les aimait de l’amour de Jésus. Lors d’une de ses visites au Moyen-Orient, un homme qui avait perdu un œil à la guerre s’est approché, a attrapé la main d’André et a dit:
«Nous savons que vous nous aimez parce que vous venez. Vous vous asseyez avec nous. Vous nous écoutez. Tu viens quand personne d’autre n’ose venir.»
C’était donc une autre facette de Frère André: il combattait pour l’Église persécutée, mais il témoignait aussi de l’amour de Jésus pour ses ennemis. Du point de vue d’André, c’était un groupe de personnes non atteintes par l’Évangile. Des hommes qui pensent servir Dieu, mais qui sont trompés par le diable. Si André avait été plus jeune, il aurait essayé d’atteindre les extrémistes d’aujourd’hui, tels que ceux de l’État islamique.
Une rencontre mémorable
L’un des collaborateurs d’André, Al Jansen, se souvient d’une rencontre mémorables de Frère André avec cheikh al-Shami, le chef du Jihad islamique à l’époque: «C’était très inconfortable pendant environ 45 minutes. Et puis André a dit soudainement: “Al, prends une photo des deux terroristes”, en parlant d’al-Shami et de lui-même. Al-Shami a éclaté de rire.»
André lui avait parlé par l’intermédiaire d’un traducteur et al-Shami n’avait pas précisé qu’il comprenait l’anglais. Puis André et le cheikh se sont levés et ont pris la pose ensemble. Alors qu’on les prenait en photo, al-Shami s’est écrié: «Je suis tellement content que vous soyez venus me voir, je veux que vous veniez me voir chaque fois que vous êtes à Gaza. Si jamais j’entends que tu es à Gaza et que tu ne viens pas me voir, je serai très en colère!»
Le cheikh avait une grosse barbe hérissée et lors des réunions suivantes, il a accueilli Frère André et son collaborateur avec des baisers sur chaque joue. Lors de leur dernière rencontre, Frère André a demandé à al-Shami: «Puis-je prier avec vous?» Il a prié pour que le cheikh ait un rêve ou une vision qui confirmerait l’Évangile qu’il avait partagé avec lui et il lui a dit: «Jésus apparaît à beaucoup de musulmans.»
Il y a quelques années, Frère André a reçu une carte d’anniversaire en arabe du cheikh al-Shami disant: «Je prie pour que Dieu nous donne la possibilité de nous unir à vous et au Christ.» (Le cheikh al-Shami a été tué en 2015.)
C’était le ministère d’André de se lier d’amitié avec les ennemis du Christ et de montrer à l’Église: «Voici votre champ de mission.»