Les prisons iraniennes sont redoutables. Saman y a séjourné de décembre 2016 à juillet 2018. À sa libération, il a bénéficié d’une aide post-traumatique. Il va beaucoup mieux aujourd’hui.
«À ma sortie de prison, je n’ai pas reçu le soutien que j’attendais de l’Église», dit Saman, chrétien d'Iran. «Je me sentais oublié. Non seulement de l’Église, mais aussi de Dieu. Pourtant, je n’ai jamais eu le sentiment que Dieu m’avait abandonné.» Saman avait vraiment besoin de cette aide post-traumatique. Au programme, des séances d’art-thérapie et l’étude de la Bible au sujet de la souffrance et de la confiance en Dieu. Au bout de plusieurs mois, Saman sent pour la première fois que son feu pour Dieu revient lentement.
En Iran, des partenaires de Portes Ouvertes aident Saman (pseudonyme) et d’autres ex-détenus chrétiens à retrouver des repères et à se reconstruire après leur épreuve. Durant leur période de suivi post-traumatique, les anciens prisonniers reçoivent un enseignement pratique adapté selon les traumatismes vécus.
«Je me sentais oublié de tous»
Responsable du groupe de jeunes de son église en pleine croissance, Saman était un chrétien solide et passionné. Il a été arrêté fin 2016 alors qu’il distribuait des bibles avec ses amis. «La police m’a emmené sous les yeux de ma mère. Cela lui a brisé le cœur», se souvient-il.
«Ceux qui m’interrogeaient me répétaient que je n’étais plus rien. Ils ont détruit mon identité. Et, sous la pression, mes amis ont accepté de témoigner contre moi.»
Pendant son séjour en prison, Saman était accablé par les mauvais traitements et la solitude. «J’ai même commencé à douter de ma foi. Est-ce que j’avais perdu 13 ans de ma vie à croire en Dieu ? Existait-il vraiment?», se disait-il.
Saman est tombé dans un profond désespoir au point qu’il s’est demandé s’il en sortirait vivant un jour. «Dans la prison, les exécutions étaient annoncées par haut-parleur. Certains des condamnés se trouvaient dans ma cellule. C’était déchirant de voir l’angoisse de la mort dans leurs yeux. En six mois, il y a eu vingt exécutions. J’avais peur et j’étais désespéré. Je me sentais si loin de Dieu qu’au début je ne pouvais même plus prier», raconte Saman.
«Accroche-toi à moi»
Saman se souvient combien il était hors de lui après le premier entretien par téléphone avec sa mère. «Quand les gardes m’ont ramené dans ma cellule, j’ai hurlé : "Je ne mérite pas ça!" Et ensuite dans ma cellule je suis tombé à genoux et j’ai crié à Dieu – "Où es-tu?" Finalement Dieu m’a parlé. Il m’a dit "Sois tranquille et accroche-toi à moi comme si tu étais collé à moi." Peu à peu, j’ai trouvé la paix dans la prière. Mes prières sont devenues plus douces, jusqu’à ce que la joie du Saint-Esprit vienne sur moi et que je me mette à danser et à chanter : Jésus est vivant, Jésus vit!»
De nombreux chrétiens souffrent terriblement dans les prisons iraniennes. Pendant ce temps de persécution intense, ils ont l’impression que Dieu se tait et qu’il s’est éloigné d’eux. Mais beaucoup racontent comment ils ont senti la présence de Dieu au moment où ils étaient au plus bas.
Être en prison pour Christ, ce n’est pas facile. Mais c’est aussi un test : suis-je vraiment prêt à souffrir pour mon Seigneur ? Comme le disent Saman et d’autres chrétiens iraniens après ces terribles mois passés en prison : «Oui, cela en vaut la peine. Je crois en Jésus, et si je dois souffrir pour cela, alors je suis prêt.»