Dans la nuit du 10 juillet 2020, des extrémistes peuls ont attaqué le village de Chibob au Nigéria, tuant et brûlant tout sur leur passage. Hajaratu, une jeune veuve chrétienne, a survécu à l’attaque qui a coûté la vie à sa fillette.
Hajaratu est une jeune veuve du Nigéria en lutte avec son passé douloureux. Son chemin de souffrance a commencé en 2019: le décès de son mari l'a laissée seule pour s'occuper de leurs enfants. Mais la jeune veuve a subi une épreuve encore plus douloureuse un an plus tard. Cette nuit de juillet 2020, Hajaratu est rentrée chez elle pour préparer le dîner. Une fois les enfants au lit, elle s’est endormie à son tour. Quelques minutes plus tard, elle a entendu des coups de feu. Elle a réveillé ses enfants, a pris sa plus jeune fille sur son dos et s’est précipitée hors de sa maison avec ses autres enfants. Ensemble, ils ont rejoint les villageois en fuite.
Une fuite dangereuse
Hajaratu a atteint la rivière. Elle ne savait pas nager et la traversée était risquée. Mais elle n’avait pas le choix: elle devait passer sur l’autre rive si elle voulait survivre, elle et sa famille. Alors que les coups de feu claquaient derrière elle, elle s'est jetée à l'eau avec sa fille sur son dos. Hajaratu s’est avancée dans les eaux de plus en plus profondes et a fini par être submergée: «Ma fille pleurait pendant que je me débattais à la surface!»
La force du courant l'a entraînée sous l'eau, loin de la rive. Hajaratu a cru qu'elle allait se noyer, mais elle a réussi à atteindre la rive. C'est à ce moment que, dans l'obscurité, elle a découvert que sa fille avait disparu. La rivière l’avait emportée!
Hajaratu a continué à avancer dans la brousse, dans la noirceur de la nuit, sans pouvoir arrêter ses larmes.
Retour à Chibob
Le lendemain matin, elle est retournée dans son village, dans l’espoir d’y trouver ses quatre autres enfants vivants. Mais elle n’a découvert que des maisons brûlées et les corps calcinés des voisins qui avaient été assassinés. Aucune trace de ses enfants. À la rumeur d'une nouvelle attaque, elle s’est rendue avec les autres survivants dans un camp de fortune. Elle a pleuré et a prié pour que quelqu'un lui ramène ses enfants. Au bout de trois jours, Dieu a répondu à sa prière:
«Je les ai serrés dans mes bras en pleurant. J'avais si peur qu'ils aient été tués eux aussi!»
Un de ses enfants a demandé où était leur petite sœur: «J’ai répondu que le fleuve l'avait emportée.» Ses enfants se sont mis à pleurer, et elle a fait de son mieux pour les consoler.
Retrouver l’espoir
La perte tragique de sa fille a ébranlé la foi d’Hajaratu: «J'ai demandé à Dieu pourquoi il avait permis que tous ces décès se produisent à Chibob et dans ma famille.» Pour seule réponse, elle a senti Dieu lui dire: «C'était le moment fixé pour eux de quitter ce monde.» Pour l'instant, c'est ce à quoi Hajaratu s'accroche: une confiance profonde dans le dessein de Dieu que nous ne comprendrons jamais ici-bas.
Grâce à Portes Ouvertes, Hajaratu a reçu du riz et du maïs pour nourrir ses enfants, un soutien financier pour la reconstruction de sa maison et une aide post-traumatique. Ces conseils l'ont beaucoup aidée à surmonter sa douleur: «J'ai été très encouragée par ce programme. Que Dieu augmente la sagesse qu’il vous a donnée afin que vous puissiez faire plus pour les autres!», s’émerveille-t-elle.
Depuis, Hajaratu est retournée à Chibob avec ses enfants et elle commence à retrouver l'espoir. Elle chante tout en travaillant, des mots qui dévoilent un cœur blessé mais adorateur:
«Seulement des mots de gratitude je n'ai rien à vous offrir, mon Dieu, sauf les mots de gratitude…»