En plus des dégâts causés par la guerre, la population syrienne a subi de plein fouet l’impact de la Covid-19. Des chrétiens témoignent de l'ampleur de la crise sanitaire et de la solidarité entre chrétiens.
D’après les statistiques officielles du gouvernement syrien, le pays est très peu touché par la Covid-19. Seulement 1572 personnes seraient mortes du virus, depuis le début de la pandémie, jusqu’à fin avril 2021. Pourtant, les témoignages des chrétiens syriens laissent peu de doute: l’impact du virus est bien plus dramatique.
Une population vulnérable
Après une décennie de guerre civile, la population est faible et sans ressources, ce qui accroît sa vulnérabilité. Les églises, les familles et les hôpitaux se sentent démunis. Comment répondre aux besoins vitaux de la population, malgré les faibles ressources financières disponibles pour combattre la pandémie? Samer Tohme, un chrétien de 62 ans qui habite Lattaquié, a lui-même été contaminé. Il témoigne:
«Ma belle-mère est décédée à cause du virus. J'ai dû voyager alors que j’étais souffrant, sans savoir que j’avais la Covid-19, pour aller à son enterrement.»
Samer explique: «Environ 30% de mes poumons ont cessé de fonctionner. J’ai dû suivre un traitement médical très lourd pour m’en sortir. Or, il y avait une pénurie d’oxygène dans la ville, à cause du très grand nombre de personnes infectées. En fait, l’épidémie est arrivée à Lattaquié comme un tsunami. À cause de mes problèmes pulmonaires, je reste très vulnérable.»
Toutefois de nombreux chrétiens malades de la Covid-19 ont échappé à la mort. Et si d'autres fidèles atteints par le virus n'ont pu trouver de places dans les hôpitaux, les églises les ont pris en charge.
L'amour fraternel en action
«Mon église m’a aidé en me donnant des bouteilles d’oxygène. J’ai dû rester sous oxygène pendant 5 jours. Sans ce soutien, je serais probablement mort. Mes frères et sœurs ont aussi prié pour moi. Chaque jour, avec ma famille, nous avons passé du temps dans Sa présence. C’est ce qui m’a guéri.»
Le Seigneur a aussi préservé le mari de Boushra al Akari de la mort. Boushra raconte: «Je pensais qu’il allait mourir mais grâce à Dieu, au bout de 9 jours d’hospitalisation, il a totalement guéri.» Le coût de l’hôpital et des soins était pharamineux pour ce couple de Damas. Heureusement, ils ont pu compter sur le soutien de leur église. Et un ami proche a financé la plupart des dépenses.
Marina Bosyafalian (45 ans) a perdu son père de 79 ans à cause du virus. Elle-même a été infectée:
«Nous étions terriblement inquiets et nous pensions que nous allions tous y passer.»
Mais son église a prié pour elle et sa famille. Elle a aussi pris en charge le coût des médicaments.
Portes Ouvertes: aux côtés des nécessiteux
En 2019, la fin du conflit semblait en vue. Portes Ouvertes prévoyait de cesser progressivement de fournir une aide humanitaire à la Syrie. Mourad, coordinateur local en Syrie, explique:
«Nous voulions investir dans des moyens de subsistance durables afin que les chrétiens ne pensent pas à quitter la Syrie. Nous voulions aussi nous concentrer davantage sur le soutien spirituel, sur la formation des responsables d'églises. Malheureusement, en 2020, le Covid-19 a ajouté un sérieux défi. Car les économies des pays pauvres comme la Syrie, ont été durement touchées.» Une situation économique désastreuse, aggravée en Syrie par les sanctions internationales.
D'où la nécessité d'une présence forte de notre ONG sur le terrain de l'humanitaire: «Finalement, nous avons décidé de continuer à donner de la nourriture aux plus démunis. Cela restait la priorité», conclut Mourad. Jésus n'a-t-il pas insisté sur l'importance de visiter ses enfants malades et de nourrir ceux qui ont faim et soif? (Matthieu 25.35 à 40)