Mama Odette fait partie des nombreuses Centrafricaines chrétiennes victimes de violences. Elle a accueilli avec reconnaissance l’aide proposée par nos équipes sur place, et aujourd’hui elle aide d’autres femmes à se reconstruire.
L’histoire de Mama Odette commence malheureusement comme celles de beaucoup de femmes en Centrafrique : « Je me confie en toi Seigneur, prends ma vie si tu le veux », telle était sa prière le jour où les hordes armées des Séléka ont débarqué dans sa ville, alors qu’elle les entendait hurler dans les rues et pénétrer violemment dans les maisons. Finalement, il s’est avéré qu’ils ne tuaient pas les femmes ce jour-là, sauf si elles opposaient une résistance. Odette a choisi de rester en vie.
La double peine…
Les semaines et les mois qui ont suivi ont été les moments les plus difficiles de sa vie, car les femmes qui avaient été agressées sexuellement ont été considérées comme des traitresses adultères. Odette savait au plus profond d’elle-même que ce n’était pas vrai. « Ils nous montrent du doigt et nous appellent « les femmes des Séléka », explique-t-elle en tamponnant son avant-bras comme si elle avait été marquée, « mais ils se trompent, nous ne méritons pas de porter cette étiquette. »
Elle plongeait dans sa bible chaque fois que ses pensées s’assombrissaient ou que les souvenirs menaçaient de la submerger. Elle a également supplié le Seigneur de ne pas avoir été infectée par les nombreuses maladies dont peuvent être porteurs les soldats. Elle se repassait en les méditant les promesses du Psaume 91, 5-7 :
Tu n’as plus à craindre
Ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole durant la journée,
Ni le mal rôdant dans l’ombre,
Ni l’épidémie qui sévit en plein midi.
Qu’un millier tombe à ta gauche et dix milliers à ta droite,
Cela ne t’atteindra pas.
Enfin reconnue comme victime
Lorsque son pasteur a frappé à sa porte quelques mois plus tard pour lui dire que des chrétiens venus de l’étranger invitaient toutes les femmes à l’hôpital pour des tests, elle n’a pas hésité. Cela a été un moment incroyable pour elle : non seulement elle était enfin reconnue comme victime, mais en plus Dieu pourvoyait à ses besoins concrets ! En voyant les résultats de ses tests, elle a découvert que le Seigneur avait répondu à ses prières et l’avait gardée de toute maladie. Elle s’est également réjouie car les femmes qui étaient tombées malades recevaient des soins médicaux.
Aujourd’hui ces chrétiennes se retrouvent régulièrement dans des groupes de soutien. En tant que doyenne, Mama Odette est une des leaders du groupe. Elle les encourage à trouver leur réconfort dans la Parole de Dieu : « Vous savez, je peux passer beaucoup de temps à revivre les évènements, mais lorsque mes pensées deviennent amères, je prends ma Bible et je laisse Dieu transformer et orienter mes pensées selon Sa manière de voir. » Elle les incite également à continuer à donner, même quelques centimes seulement, malgré le peu qu’il leur reste. L’offrande ainsi récoltée est remise à la femme la plus démunie du groupe pour démarrer un micro-commerce.
Et c’est ainsi qu’ensemble, ses survivantes se reconstruisent, avec le surprenant pouvoir de la Parole et de quelques centimes !