Pour surmonter la perte tragique de plusieurs êtres chers, Martine, chrétienne burkinabé, a dû renoncer à ses questionnements et remettre son traumatisme au Seigneur.
C'était à la fin du culte. L’assemblée venait d'écouter le pasteur, le père adoptif de Martine, prêcher sur l'amour mutuel. Elle se souvient: «Il a demandé: "Quelle a été la dernière parole de Jésus?" J'ai répondu: "Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font. (Luc 23.34 )" Puis il nous a fait prier pour nos ennemis: eux non plus ne savent pas ce qu'ils font. Quand nous avons quitté l'église, quelques minutes plus tard, nous étions encerclés...» Un drame aussi violent qu'inexplicable allait s'abattre sur cette paisible communauté chrétienne du Burkina.
Une vision d'horreur
Martine n'oubliera jamais la vision terrifiante des assaillants:
«Ils avaient des ceintures en bandoulière avec des balles qui faisaient du bruit quand ils marchaient.»
Certaines personnes étaient déjà sorties de l'église et étaient dehors en train de discuter. Les terroristes ont rassemblé tout le monde dans le bâtiment: «Ils ont pris les bibles, la chaire, ont tout jeté ensemble et ont tout brûlé. Ils ont fait sortir tous ceux qui étaient à l'intérieur et ont dit aux hommes de les suivre. Ils les ont emmenés derrière l'église et les ont fait s'allonger sur le sol pour les abattre.»
Les autres fidèles n’ont pas vu ce qui s'était passé. Mais ils ont entendu l'horrible bruit des coups de feu. Le pasteur et 5 membres de l'église, dont 2 fils du pasteur, sont morts. Martine a perdu son père, son mari, son frère et son beau-frère.
Au cours de l'attaque, les assaillants ont volé tout ce qu’ils ont pu. Ce qu'ils ne pouvaient ou ne voulaient pas emporter avec eux, ils l'ont brûlé.
«Ils nous ont dit de quitter l'endroit tranquillement: si nous criions, ils reviendraient le lendemain pour tous nous tuer», raconte-t-elle.
S'abandonner à Dieu
Martine a du mal à comprendre pourquoi ce drame s'est produit: les chrétiens avaient de très bonnes relations avec leurs voisins musulmans: «Nous nous aimions les uns les autres. Les musulmans venaient parfois voir notre pasteur pour parler de ce qui se passait dans le pays. Certains d'entre eux disaient que les chrétiens et les musulmans devaient fuir.» Mais quand son père entendait cela, il s'exclamait, en pointant son doigt vers le sol: «Si je dois mourir pour le nom de Jésus-Christ, je le ferai et vous pourrez m'enterrer ici! Et personne ne devra venir pleurer sur ma tombe. Car c'est pour le nom du Christ que j'aurai accepté la mort.»
Martine n'avait aucune idée de ce que l'avenir lui réservait. Et elle n'avait même pas de mots pour prier: «Je voulais ouvrir ma bouche pour parler à Dieu et lui demander: pourquoi?» Mais la seule chose qui sortait était des gémissements. Pourtant, elle a décidé de faire confiance à Dieu et a prié:
«Maintenant, ô Dieu, je laisse le problème entre tes mains. Désormais, c'est Toi qui t'occuperas de ma vie jour et nuit.»
Guérie du traumatisme
Grâce à de généreux donateurs du monde entier, Portes Ouvertes a fourni une aide d'urgence à Martine et à d'autres chrétiens déplacés. Avec 87 autres veuves victimes du terrorisme, elle a aussi bénéficié de soins post-traumatiques. Elle explique:
«La formation en traumatologie m'a aidée. Grâce à l'enseignement que j'ai reçu, j'ai redécouvert la joie et la paix du cœur. Il a renouvelé ma vie et ma force.»
Avant de conclure: «Merci d’avoir pensé à nous et de ne pas avoir oublié que nos cœurs ont été blessés. Depuis le premier jour, quand on m’a enseigné comment un être humain traumatisé se comporte, et comment ses blessures peuvent être guéries, mon cœur a commencé à être délié. Il a été restauré et a pu se remplir de joie.»