Shompa Roy est originaire d’un village au Bangladesh. Elle est issue d’une famille hindoue où le culte des idoles joue un rôle central dans la foi. Mais en grandissant, elle accordait peu d’attention à la religion. Elle n’aimait pas les rituels religieux et préférait jouer.

«J’aimais étudier, manger et m’amuser avec les autres enfants, raconte-t-elle. Dans les rituels hindous, le jeûne est très important on ne peut pas adorer sans jeûner. Mais j’aime trop manger, je ne peux pas jeûner.»

À l’âge de 13 ans, elle fut mariée —ce qui assez courant pour une fille de son âge dans sa région. La famille de son mari attendait d’elle qu’elle prenne en charge les tâches ménagères, mais Shompa voulait encore jouer avec les enfants. Trois ans plus tard, elle devint mère.

Un jour, alors qu’elle faisait des courses, elle entendit un homme parler de l’Évangile, mais elle n’était pas intéressée. Cela se reproduisit à plusieurs reprises, éveillant peu à peu sa curiosité. Elle se souvient: «L’homme m’a partagé l’Évangile et m’a dit que Jésus m’aime et qu’Il est mort pour mon salut.»

Ils commencèrent à se voir régulièrement et à discuter du christianisme.

«Petit à petit, j’ai commencé à apprécier la parole de Dieu et l’histoire de Jésus-Christ, se souvient-elle. J’ai réalisé que, sans le vouloir, Jésus occupait mon cœur. Puis j’en ai parlé à mon mari. Sa réaction a été très simple. Il m’a demandé où j’avais entendu parler du christianisme. Lui aussi voulait en savoir plus.»

La foi s’allume

Shompa Roy et son mari sont tous deux devenus chrétiens. Ils ont commencé à parler de Jésus à de nombreuses personnes hindoues de leur communauté. Mais c’est Shompa, cette femme autrefois peu intéressée par la foi, qui est devenue la principale évangéliste. En une seule année, le couple avait déjà conduit 70 personnes à la foi dans quatre villages différents.

Mais annoncer Jésus avait un coût. Plus Shompa Roy parlait de sa foi, plus la persécution augmentait. Les voisins rendirent leur vie difficile, allant jusqu’à les exclure du village. Ils commencèrent par bloquer le seul chemin menant à leur maison. Quand ils croisaient Shompa dans la rue, ils l’insultaient et se moquaient d’elle. Lorsqu’elle allait chez des croyants pour une étude biblique, elle y allait seule. Le fait de sortir sans son mari créait aussi des tensions, car dans cette région conservatrice, une femme seule est mal vue.

Un jour, des femmes hindoues décidèrent de la forcer à renoncer à sa foi. Elles l’invitèrent chez une voisine où ils la ligotèrent.

«Elles ont essayé de me raser la tête et voulaient m’humilier devant la communauté. Elles espéraient ainsi me faire renoncer à ma foi. Je criais et appelais à l’aide. Il y avait de nombreux hommes hindous dehors, mais aucun n’est intervenu.»

Précisons que selon les rites hindous, lorsqu’une personne commet un péché, elle se rase la tête pour se repentir. La conversion au christianisme est considérée comme un péché impardonnable, et les convertis sont donc vus comme des intouchables.

Heureusement, un homme qui passait par là a entendu les cris de Shompa. Il a ordonné aux femmes d’arrêter et de relâcher leur victime.

Être persécutée n’a jamais empêché Shompa Roy de parler de Jésus. Un jour, des hommes hindous âgés faisaient des remarques désobligeantes sur les femmes, disant qu’elles n’avaient aucune valeur ni liberté. Elle les a confrontés, forte de ce qu’elle avait appris grâce aux formations données par Portes Ouvertes.

«Je les ai interpellés en leur demandant où il était écrit que les femmes sont des esclaves, sans liberté, totalement dépendantes de leurs maris.»

Elle leur a aussi expliqué:

«Nous, chrétiens, ne faisons pas de distinction entre hommes et femmes comme le font d’autres religions. Nous sommes tous traités et honorés également devant le Seigneur. Nous ne discriminons pas selon le sexe. Nous avons été créés avec les mêmes droits et le même respect.»

Shompa Roy garde le sourire grâce à Jésus.

Impact sur sa famille

De telles déclarations font d’elle une cible facile pour la persécution, et cela affecte aussi ses enfants. Adultes comme enfants dans le village s’en prennent à eux. «Les enfants non chrétiens n’aiment pas mes filles, dit-elle. Ils ne veulent pas jouer avec elles. Un jour, en allant à l’école en transport local avec d’autres enfants, certains les ont poussées en disant: ‘Vous ne pouvez pas monter avec nous, vous êtes chrétiennes.’ Elles ont dû marcher seules jusqu’à l’école.»

Shompa a acheté un terrain et y a construit une maison et une église. Mais les habitants du village n’apprécient pas les chants de louange et les prêches. Ils ont essayé d’expulser les chrétiens. Un jour, l’homme musulman qui lui avait vendu le terrain est venu, accompagné d’un groupe. Il a frappé Shompa et sa fille de 11 ans.

«Il a violemment battu ma fille et l’a étranglée avec ses mains, raconte-t-elle. Sa gorge a été gravement blessée, elle a vomi plusieurs fois. Ils m’ont battue devant tout le monde. Personne n’est intervenu. Ils ont détruit notre seul puits et nos toilettes.»

Heureusement, les partenaires locaux de Portes Ouvertes sont venus en aide. «Vous nous avez soutenus immédiatement en construisant de nouveaux toilettes et un puits, dit Shompa. Nous vous sommes très reconnaissants. Vous avez prié pour nous et nous avez soutenus.» Nos partenaires lui ont aussi fourni un vélo pour qu’elle puisse se rendre d’une église à l’autre et partager l’Évangile dans les villages.

Une foi inébranlable malgré la persécution

Récemment, alors qu’elle était absente pour une formation, ses animaux ont été empoisonnés.

«Quelqu’un a empoisonné ma seule vache. Elle est morte en quelques heures. Un mois plus tard, les deux chèvres que m’avait données un partenaire de Portes Ouvertes sont mortes aussi. Le vétérinaire a confirmé l’empoisonnement. Cela n’est arrivé qu’à moi.»

Son mari aussi est persécuté.

«Il était ouvrier agricole. Mais les employeurs refusaient de l’embaucher ou le payaient moins parce qu’il est chrétien.»

Il a alors acheté un petit véhicule pour devenir taxi. Tout allait bien au début, mais lorsque les gens ont appris qu’il était chrétien, les clients cessèrent de le solliciter, certains refusant même de payer.

Il a donc commencé à travailler ailleurs, dans un endroit où personne ne le connaît.

La différence que fait la foi

Depuis sa conversion, Shompa Roy a trouvé la paix malgré les difficultés financières. Elle se sent aussi moins en colère et a appris à pardonner.

«J’ai pardonné à ceux qui nous ont fait du mal, dit-elle. Le Seigneur a pardonné à ses persécuteurs, je dois faire de même avant de les aimer. Quand je suis triste, je prie et je chante : “Seigneur, éclaire-moi, accomplis ta volonté en moi.” »

Dans sa communauté, elle est vue comme une menace non seulement à cause de sa foi, mais aussi parce qu’elle est une femme qui s’exprime, dirige et remet en question les hommes.

Mais cela ne l’empêche pas de poursuivre sa mission.

«Les femmes de mon église grandissent spirituellement. Elles deviennent plus actives. Je veux qu’elles soient à l’œuvre dans l’Église», dit-elle.

Elle partage activement l’Évangile et invite les gens à découvrir l’amour du Seigneur. Elle a déjà amené plus de 140 personnes à Jésus. Malgré la pression sociale, l’isolement, la discrimination et le stress, elle persévère.

Shompa Roy travaille avec les partenaires locaux de Portes Ouvertes depuis 2010. Elle a suivi des formations de préparation à la persécution, et a reçu un soutien financier. Elle dirige actuellement une école du dimanche soutenue par Portes Ouvertes, où une quinzaine d’enfants apprennent régulièrement la Parole de Dieu et témoignent dans leur village.