Peter travaille depuis plus de 10 ans auprès des Nord-Coréens en transit en Chine. Interview.
Dans cette interview, Peter (pseudonyme) évoque son travail avec ses joies et ses peines: les chrétiens de Corée du Nord, pays de tous les dangers, sont pour lui un exemple.
Peter, quel est le souvenir le plus marquant de votre ministère?
Je me souviens d’un couple de Corée du Nord que nous avons formé et instruit avec des cours bibliques. Sans que nous le sachions, ils ont essayé de s'échapper en Corée du Sud. Malheureusement, ils ont été arrêtés et ont été emprisonnés pendant des années. Ils n'ont pas pu se rendre en Corée du Sud, mais ont été renvoyés en Corée du Nord. C'était une bien triste nouvelle. Mais je m'accroche à l'espoir que je pourrai les revoir dans le Royaume des Cieux. C’est une Bonne Nouvelle qui m’encourage et me permet de continuer.
«La compassion que Dieu a déversée dans mon cœur est devenue la source de ma motivation.»
En quoi consiste votre travail?
Il y a 4 aspects, dont le premier consiste à rencontrer les Nord-Coréens en Chine. Nous ne pouvons pas les aider s'ils restent en Corée du Nord. Mais certains sortent de leur pays, souvent pour gagner de l'argent afin d’aider leur famille. Après avoir noué des liens d'amitié, nous leur faisons découvrir la Bible.
Il y a deuxièmement les Nord-Coréens qui viennent dans les montagnes chinoises. Ils y cherchent des légumes afin de subvenir aux besoins de leur famille. Nos collaborateurs leur rendent visite, leur donnent de la nourriture et des bibles.
Le troisième aspect concerne les personnes qui ont reçu l'Évangile en Chine: notre objectif est qu'elles puissent continuer leur cheminement spirituel en Corée du Nord. Nous essayons de les aider et de les soutenir à travers nos réseaux et leurs proches en Chine.
Enfin, il y a les femmes chrétiennes nord-coréennes vendues à des Chinois contre leur gré. Elles sont mariées de force et souvent sont renvoyées en Corée du Nord. Elles laissent derrière elles leurs enfants sino-coréens, que nous essayons de soutenir en leur offrant des bourses d'études et en les aidant à grandir dans la foi.
Qu’est-ce qui vous encourage au quotidien?
Je suis encouragé sur le terrain, notamment quand je vois mes collègues à l’œuvre. Parfois, ils essaient de retrouver des frères et sœurs qu'ils ont enseignés, il y a des mois ou des années. Quand ils y parviennent, ils sont très heureux de prier à nouveau pour eux et de les soutenir. Ces cœurs bien disposés pour la Mission me rendent heureux et m'encouragent dans mon ministère.
Y a-t-il des moments où Dieu vous aide de façon inattendue?
Une fois, j'étais dans un lieu où il n'y a qu'un seul transport en commun par jour et j’étais en retard pour prendre le train. Mais j'ai tout de même décidé d'aller à la gare. À ma grande surprise, le train était aussi en retard, et j'ai pu quitter la région ce jour-là.
Qu'est-ce que cela signifie selon vous d'être chrétien de Corée du Nord?
Dans un pays aussi aride sur le plan spirituel, vivre en tant que chrétien clandestin, c'est risquer toute sa vie.
«Leurs services religieux ne sont peut-être pas dans l'ordre exact et leur version du Notre Père n'est peut-être pas complète. Mais quand ils adorent, ils déposent tout devant le Seigneur. Un tel culte est un exemple que nous devons suivre.»
Selon vous, que pense Dieu de la Corée du Nord?
Au début, quand je pensais à la Corée du Nord et à nos frères et sœurs qui traversent les pires tribulations, je considérais ce pays comme le mal absolu. Mais j'ai réalisé que tout ce que l'on peut faire, c'est simplement prier pour que la compassion de Dieu à leur égard ne s'arrête jamais. Et j'ai aussi compris que Dieu est toujours avec eux et qu'il aime ce pays.