Alors que les incidents susceptibles de provoquer une dangereuse escalade se multiplient entre l'Iran et les États-Unis, les chrétiens d'arrière-plan musulman doivent redoubler de vigilance. Leur tort? Avoir choisi le christianisme, perçu comme une influence occidentale.

Être chrétien, c'est vivre dans la clandestinité

Lorsque son frère lui a parlé de l’Évangile, Esther (pseudonyme) a décidé à son tour de donner sa vie à Jésus. Cette jeune femme savait-elle que suivre Jésus  allait la conduire dans la période la plus difficile de sa vie? En Iran,
il est illégal de passer de l'islam au christianisme. Peu après sa conversion, elle a rejoint une poignée de chrétiens dans une église de maison. Une décision très dangereuse. Mais quand on lui demande si cela valait la peine de suivre Jésus, Esther répond sans hésiter:

«Oui. Je suis chrétienne. Quand j'ai dit oui à Jésus, j'ai aussi dit oui à une vie difficile. Nous savons qu'il y a de la persécution pour nous en Iran.»

Cacher sa foi pour pouvoir se marier

Les chrétiens d'arrière-plan musulman n'existent pas aux yeux du régime. Le gouvernement contrôle tous les aspects de la vie publique et les mariages doivent se faire sous l’autorité islamique. Esther se souvient:

«Nous avons dû taire notre foi chrétienne pour pouvoir nous marier.» 

Cependant, il est difficile de cacher longtemps sa foi au gouvernement. Le régime iranien affirme que le pays est une république islamique. Les partisans de la ligne dure au sein du pouvoir s'opposent farouchement au christianisme. Ils traquent les chrétiens sans répit et créent de graves problèmes à ceux qui ont un arrière-plan musulman. Toute personne suspectée d'être devenue chrétienne est surveillée: écoutes téléphoniques, filatures dans la rue au moyen de caméras de surveillance... Des espions sont aux aguets pour dénoncer les chrétiens. La police infiltre souvent les églises de maison en faisant passer des agents secrets pour de nouveaux convertis. 

Un soir, la police a fait une descente dans le lieu de culte secret où se réunissaient Esther et son mari. Tous les chrétiens ont été arrêtés, sauf Esther et une autre femme pour qu’elles s’occupent de leurs enfants. Mais elles ont été interrogées le lendemain.

Une «fenêtre» pour s'échapper

La police secrète a fouillé la maison et a harcelé le couple durant un mois. Lors de l’interrogatoire final, Esther et son mari ont été menacés:

«Nous savons que vous êtes chrétiens. Vous allez bientôt partir en prison et vous ne verrez pas votre jeune fils… Sauf si vous revenez à l’islam et que vous signez ce document. Dans ce cas, les choses redeviendront ce qu’elles étaient.»

Ce jour-là, Esther et son mari ont fait un choix qui allait changer leur vie pour toujours. Ils n'ont pas signé les papiers. Curieusement, les autorités laissent parfois une petite fenêtre de temps à certaines personnes dans cette situation et ferment les yeux sur celles qui veulent quitter le pays. Au lieu de rester en Iran et d'aller en prison, Esther a acheté un billet pour Istanbul et elle est partie avec son fils. Son mari les a rejoints une semaine plus tard. Ils ne sont jamais retournés dans leur pays natal.