La décision du tribunal de Kasur, à 50 km de Lahore, est tombée comme un couperet le 7 février : Nabeel Masih restera en prison ! Les avocats du jeune garçon de 16 ans avaient pourtant fait valoir qu’il devait être remis en liberté sous caution, étant donné son âge et l’absence de condamnation antérieure. Mais le juge a rejeté leur demande.

Déjà 6 mois passés en prison

Nabeel a été arrêté le 18 septembre 2016, dénoncé par Akhtar Ali. Celui-ci avait déposé plainte à la police en affirmant : « Nabeel a cautionné et partagé une photo diffamatoire de la Kaaba, le sanctuaire musulman de La Mecque. » Suite à cet incident, les chrétiens du quartier avaient quitté les lieux pendant un temps, par peur des représailles. « C’est juste une erreur : Nabeel est un jeune ouvrier illettré et n’a rien contre les musulmans », a précisé son cousin Imran, 24 ans.

Le 3 octobre, lors de la première comparution devant la Cour d’appel, la mise en détention de Nabeel avait été contestée par la défense, menée par Aneeqa Maria Anthony : « Je suis convaincue que ce garçon n’a commis aucun délit. Il est innocent et l’accusation contre lui ne peut être prouvée. » Au contraire, l’avocat du plaignant avait maintenu qu’il s’agissait d’un cas de blasphème.

Menaces et intimidations

Par ailleurs, Aneeqa Maria Anthony dénonce les menaces proférées par 80 personnes envers la famille de Nabeel pendant le procès, ainsi que les intimidations qu’elle a subies. « Vous devriez savoir que le Pakistan est un État islamique. Vous n’avez pas à défendre un criminel. Faites attention à vous et prenez vos distances », lui a dit un avocat de la partie adverse. Pour sa sécurité et celle de la famille de Nabeel, la défense demande que la suite du procès se tienne à Lahore.

La corruption et l’usage abusif des lois anti-blasphème rendent la vie des chrétiens extrêmement difficile au Pakistan, situé cette année au 4ème rang de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens.