Les habitants du village de La Tapoa, dans le Sud du Niger, ont découvert avec stupeur la nouvelle loi énoncée par les extrémistes islamiques sur la place du marché: tout homme de plus de 15 ans doit leur payer une taxe ou bien se convertir à l’islam.

Le dilemme des chrétiens

La même manœuvre a eu lieu dans six autres villages sous le contrôle des extrémistes, près de la frontière avec le Burkina Faso. Les habitants sont incités à se convertir à l’islam ou bien à payer la «Djizya» (taxe imposée aux non-musulmans), fixée à 50 000 francs CFA.

Même si les chrétiens payaient cette taxe, ils deviendraient automatiquement esclaves des djihadistes qui confisqueraient leurs propriétés.

«Ils sont venus nous dire de pratiquer leur religion. Nous leur avons répondu que jamais nous ne le ferions», témoigne le pasteur Yalitchoi.

La fuite pour l’intégrité

Refusant de compromettre leur foi, 357 familles ont fui ces villages pour trouver refuge dans la ville de Makalondi.

«Nous avons fui et nous n’avons plus rien, même pas de nourriture. Il est très difficile de trouver un abri», explique le pasteur Yalitchoi.

Les chrétiens ont donc établi des campements de fortune à Makalondi.

L’escalade de la violence djihadiste

Le 26 juin 2024, des groupes rebelles ont attaqué les forces de sécurité près du village de Tassia dans la région de Tillaberi, dans l'Ouest du Niger, tuant au moins 20 soldats et 1 civil.

Yonas Dembele, analyste pour Portes Ouvertes, commente: «Dans la région de Tillaberi, à la frontière du Mali et du Burkina Faso, des rebelles liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique sévissent depuis près d'une décennie. La fréquence et l'intensité des attaques contre les forces de sécurité nigériennes ont bondi, en particulier après le coup d'État militaire de juillet 2023. Cette attaque met en évidence la volatilité de la situation sécuritaire au Niger et plus largement dans la région du Sahel. Les attaques se poursuivent dans le but apparent d'affaiblir l'appareil de sécurité et d'ouvrir la voie à la prise de contrôle du pays par les militants islamiques. Pour les communautés chrétiennes minoritaires de l'Ouest du Niger, l'escalade de la violence djihadiste constitue une grave menace.»