Ce dimanche matin tragique, alors que Kebede se préparait pour le service avec sa femme enceinte et leurs deux fils, ils ne savaient pas que leur église serait assaillie par des orthodoxes en colère suite à un différend foncier avec l’Église évangélique.

Durant l’attaque, les orthodoxes clamaient: «les Évangéliques doivent quitter la région!».

Kebede, alors inspecteur de police, a tenté d'intervenir pour protéger les fidèles. Malheureusement, il a été violemment battu jusqu'à perdre connaissance et, bien que ses blessures externes aient guéri, il a été laissé avec une surdité permanente. La perte de l’ouïe a changé sa vie et celle de sa famille. Kebede a perdu son emploi et lutte pour s'adapter à sa nouvelle condition. Il n’a par exemple jamais entendu la voix de son plus jeune fils. Il rêve de pouvoir l’entendre un jour dire «Baba», ce qui veut dire papa.

Un combat personnel et une lutte communautaire

La famille a reçu de l'aide sous forme de vivres et de soutien financier par des partenaires de Portes Ouvertes, mais la douleur et les défis demeurent. Leur fils aîné est traumatisé, craignant de retourner à l'église, tandis qu'Amarech (pseudonyme), sa femme, s'inquiète de l'impact à long terme sur leur foi et leur avenir.

«Il n'y a rien que Dieu ne puisse faire, Il peut tout faire, alors je vous demande à tous de prier pour la guérison de Kebede.»

Derrière cette histoire personnelle se cache une réalité difficile à accepter: dans certains pays comme l’Éthiopie, des chrétiens peuvent être persécutés par des chrétiens d’autres dénomination. L'Église orthodoxe éthiopienne se voit comme la seule vraie dénomination chrétienne du pays et considère les évangéliques comme une menace pour la culture et le nationalisme éthiopiens. Notons cependant que tous les orthodoxes ne sont pas de cet avis.

On observe malgré tout une hostilité croissante et des échanges haineux entre certaines églises évangéliques et orthodoxes, qui parfois peuvent déboucher sur de la persécution.