Le constat est sans appel: 90 % des chrétiens tués dans le monde l’an dernier sont des Nigérians ! Ce triste record a été révélé par l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2019. La violence est à son paroxysme. Les élections présidentielles peuvent-elles apporter une réponse à la détresse de nos frères et sœurs, si profonde ? Bien au-delà de leurs revendications religieuses, sociales, économiques ou politiques, leur cri monte devant Dieu:

«Aie pitié de nous, Éternel ! Vois la misère où nous réduisent nos ennemis. Retire-nous des portes de mort.»*

Un appel lancé dans notre direction

«Nous nous sentons trompés par le gouvernement. Rien n’est fait pour que les promesses deviennent réalité. Nous sommes soumis à des nuits blanches. Nous ne pouvons pas compter sur le gouvernement. Seul Dieu est capable de venir à notre secours», déclarait Yakubu Nkeki Maina (père de l’une des filles kidnappée à Chibok) lors d'une récente visite de Portes Ouvertes. C’est aussi l’avis de très nombreux chrétiens, comme les parents de Leah Sharibu. 

L’arrivée au pouvoir du général Buhari avait ravivé l’espoir d’un assainissement de l’économie, d’une éradication de Boko Haram et du rétablissement de l’ordre. Son bilan est très critiqué. Les Nigérians devront choisir entre le président Buhari (76 ans) et Atiku Abubakar (72 ans), homme d’affaires influent mais réputé corrompu désigné par le principal parti d’opposition. Dans ce contexte, les chrétiens comptent sur la fidélité de Dieu… et la nôtre. Mama Sofia, une survivante des exactions à l’encontre des chrétiens s'écrie : 

«S’il vous plaît, vous tous les chrétiens du monde, priez pour nous afin que Dieu nous ouvre encore des portes!» 

Sur une ligne de fracture

Au Nigéria, il n’y pas que les régions du Nord-Est, bastion du groupe islamique radical Boko-Haram qui sont le théâtre de graves violences. La Ceinture Centrale du pays est déchirée par un conflit encore plus meurtrier. Dans cette région qui compte pratiquement autant de chrétiens que de musulmans, a lieu ce qui s'apparente à un nettoyage ethnique sur fond religieux opéré par les éleveurs peuls nomades contre les villages chrétiens. Ces raids menés en toute impunité laissent derrière eux de nombreuses victimes et des milliers de chrétiens déplacés qui ont fui leurs villages réduits en cendres. Dans l’État de Kaduna seul, ces attaques ont causé la mort de près de 20 000 personnes depuis 1980.                                          

Aujourd’hui, à l’approche des élections, l’urgence s’impose car la violence sera inévitablement politisée et amplifiée. Avec l'expertise de personnalités locales comme le professeur de théologie Yusuf Turaki et l'Association Chrétienne du Nigéria (CAN), Portes Ouvertes sensibilise l’opinion internationale. Il s’agit d’interpeller les gouvernements et les institutions sur les discriminations et les massacres que subissent chaque jour les chrétiens. 

*Psaume 9 : 10