Les activités des groupes religieux sont si étroitement surveillées que les chrétiens ne savent à qui se fier. Et ceux d’arrière-plan musulman souffrent aussi de la pression qu'exercent leurs proches.
L’Azerbaïdjan, un des pays les plus riches de l’ex-URSS, est une république à régime présidentiel: son Président détient de fait tous les pouvoirs. Depuis 2008, la durée du mandat du Président n’a plus de limite, et son épouse est désormais vice-présidente. La dictature en place veut montrer une belle façade. Mais elle exerce un contrôle très serré, notamment sur les médias, les mouvements pour les Droits de l’Homme et les groupes religieux. Officiellement, le pays est laïc et les religions sont tolérées. De fait, le niveau de surveillance, notamment des chrétiens, est extrêmement élevé.
Le christianisme est assez mal perçu, pour des raisons historiques (impérialisme russe, inimitié envers les Arméniens, méfiance vis-à-vis de l'Occident).
Le gouvernement utilise un large panel de tactiques pour étouffer toute opposition. Depuis 1991, toutes les églises ont dû se faire réenregistrer 6 fois, avec à chaque fois des conditions plus restrictives. Il faut désormais au moins 50 membres pour espérer enregistrer son église. Ce processus de réenregistrement des églises permet au régime de réduire progressivement le nombre de congrégations. Il faut au moins 50 membres pour espérer enregistrer son église. L'Union baptiste est ainsi passée de 10 église en 1992 à une seule depuis 2015.
Les églises sont très surveillées. Des agents du gouvernement infiltrent les congrégations religieuses. Les responsables d’églises sont régulièrement « invités pour des conversations » aux commissariats. Cette pratique entretient une atmosphère de méfiance généralisée entre les chrétiens, qui ne savent pas qui divulgue des informations aux autorités.
La production, l'importation et la distribution de littérature religieuse sont soumises au contrôle sévère de l'État.
La peur est constante, car les confiscations, arrestations et tortures sont fréquentes. En outre, les diverses dénominations chrétiennes sont très divisées et collaborent peu. L’Église orthodoxe, elle, est peu inquiétée, car elle a très peu de contact avec la population.
Les Azéris sont considérés comme musulmans. S’ils se convertissent au christianisme (le cas pour environ 10 000 d'entre eux), ils s’exposent à des pressions, voire à de la violence de la part de leurs familles et amis, et de leur communauté. Certains ont été séquestrés et battus.
Les restrictions de l’État totalitaire étranglent l’Église d’Azerbaïdjan, qui est encore affaiblie par l’émigration de nombreux chrétiens. Il peut être dangereux de détenir de la littérature chrétienne ou de parler de sa foi.
L’Azerbaïdjan est perçu comme le pays à majorité musulmane le moins religieux. Mais les chrétiens issus de l’islam subissent sur le plan privé des pressions très dures de leurs proches.
Au 1er siècle, le christianisme est arrivé dans le royaume d’Albanie du Caucase (royaume antique couvrant le territoire actuel de la république d'Azerbaïdjan, de la Géorgie et le Sud du Daghestan en Russie) et est devenu religion d’État au 4e siècle. L’invasion arabe en 667 a amené l’islam, et a été suivie d’occupations turques. Une division nette est apparue entre les Azéris, musulmans, et les Arméniens, chrétiens. En 1806, l’Empire russe a envahi le pays et des orthodoxes s’y sont établis. En 1991, l’Azerbaïdjan a déclaré son indépendance et le départ de nombreux Russes a affaibli l’Église orthodoxe. Cependant, les protestants russes avaient jeté les bases de la nouvelle Église azéri.
La constitution stipule la séparation de l’État et de la religion, et la loi interdit toute interférence de l’État dans les activités religieuses. Mais elle affirme qu’il doit lutter contre « l’extrémisme religieux ». De fait, les musulmans sont aussi strictement surveillés.
Décembre 2018 - Trois chrétiens protestants ont été condamnés à de lourdes amendes car ils s'étaient retrouvés ensemble pour prier et étudier la Bible en Azerbaïdjan.
